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Vredesconferentie 2010: Congo
Dossier
8 minuten

Sixièmme conférence pour la paix (13 mars 2010)

Retranscription de l'intervention de

Tony Busselen

« Congo, la malédiction des ressources naturelles »

 

 

1- Présentation historique de l'exploitation des ressources naturelles au Congo

 

Entre 1885 et 1908, la Belgique a considérablement développé les chemins de fer: 3700 kilomètres de voies ferrées au total.

Les années 1920 ont également été une période d'investissements belges massifs. De nombreuses infrastructures pour le développement économique ont été mises sur pied.

Ces infrastructures, nées donc de la période coloniale, avaient pour exigence de rendre rentables l'extraction des matières premières. Elles le furent puisque dans la période s'étalant des années 1950 aux années 1960, quatre milliards de dividendes ont été distribuées (on parle de 14% de croissance), au profit plus des investisseurs que de la population locale.

L'ensemble de cette période devait composer avec 300 sociétés coloniales et 9000 sociétés belges présentes sur le territoire.

Durant la période de la Guerre Froide, le maintien au pouvoir de Mobutu fut la conséquence du jeu de containment entre les Etats-Unis et l'Union Soviétique. « Mobutu is our son of a bitch » (D. Reagan). Le prix des matières a beaucoup baissé durant cette période. L'appauvrissement y a été concomitant.

Dans les années 1990, une fois la Guerre Froide terminée, le pouvoir en place n'est plus soutenable. Des plans, proposés par les Etats-Unis, se succèdent et visent tous à proposer des changements dans l'organisation de l'Etat, notamment en demandant à Mobutu l'instauration d'un système multipartiste. Les américains proposent un système étatique composé d'un tiers de mobutistes, un tiers de partisans de Kabila et un tiers de personnels formé par les Etats-Unis.

La guerre de 1996, où les Etats-Unis soutiennent Kabila, avait pour objectif de « secouer l'arbre pour en faire tomber les fruits pourris ». Cette guerre fut un échec: Mobutu s'est accroché au pouvoir et Kabila n'a pas respecté les engagements qu'il avait promis aux USA. La guerre de 1998, destinée à ce que Kabila prennent le pouvoir sur l'Etat congolais, a également été un échec.

Le Congo revêt en effet une grande importance pour les Etats-Unis.  En effet, c’est le pont entre l’Afrique de l’ouest et l’Afrique de l’Est.  Le Congo offre en fait une véritable opportunité en matière de développement économique.  On y retrouve une multitude de ressources, notamment : le coltan, le cobalt,  la terre (fertilité), la forêt, la population (68 millions d’habitants dont près de la ½ a moins de 14 ans).

 

La vision de l'exploitation des matières premières au Congo est comparable à celle du Nigeria où on constate l'existence d'îlots surprotégées pour les multinationales, au détriment des populations locales. Monsieur Busselen montre alors la carte du Katanga où l'on constate un fourmillement de concessions octroyées aux sociétés occidentales.

Ainsi, en 2008, 642 firmes disposaient de concessions sur un total de 33% du territoire. On s'attend à ce que des firmes plus importantes émettentent le désir d' acheter d'autres concessions.

 

2008 est également l'année de parution du code minier, promulgué par la Banque Mondiale. C'est également l'année où la société minière néo-zéelandaise FreePort McMoran investit 1,8 Milliard de dollars (ce qui représente deux tiers du contrat chinois) pour une réserve de 95 Milliards de dollars. Au total, 51% des investissements miniers sont l'oeuvre de cette multinationale (la plus grande multinationale minière au monde).

 

La guerre à l'Est du Congo est le résultat de milices qui contrôlent les mines. Ces milices ont intérêt à ce que cette situation perdure.

L'Est du Congo réclame l'entière souveraineté sur son territoire alors que le Congrès américain promulgue des lois destinées à orienter la situation de la région.

 

2- Séance de questions/réponses

 

Q1. Le contrat chinois est un des éléments qui doit retenir toute notre attention parce qu'il sert de justificatif central à la politique européenne et américaine dans la région. La Chine a un comportement comparable à ce que nous avons connu pendant la Guerre Froide. Il importe de présenter la ligne que la Chine défend.

Q2. En lisant les comptes-rendus du Parlement et du gouvernement belges relatifs aux contrats vers le Congo, on exhorte les belges à aider les congolais à signer les contrats avec les chinois. En agissant de la sorte, ne fait-on pas comme s'il existait une Chine avant la Chine? Ce sont en effet davantage les occidentaux qui se cachent derrière. Existe-t-il des personnes ou des groupes qui partagent cette analyse?

Q3. Le participant rappelle que beaucoup de ressources sont exportées vers le Rwanda.

 

Réponses: Le contrat avec la Chine est très important parce qu'avec lui, la perspective d'exploitation des ressources change complètement. La différence est en effet énorme entre le FMI et la Chine.

Le premier fonctionne sur base de ses « fonds structurels », mécanisme ultra-libéral qui pousse notamment à la privatisation et l'identification de tous les acteurs (dans lesquels on retrouve les multinationales) comme conditions préalables.

La Chine, elle, travaille sur base de projets qui rapportent. Elle travaille sous forme d'échanges: en échange d'insfrastructures qu'elle construit, elle a preçu 10 Milliards de tonnes de cuivre et 6 Milliards de tonnes de cobalt.

Il s'agit donc de contrats entre un consortium chinois, qui s'occupe de l'exploitation minière et la construction d'infrastructures, et le gouvernement chinois. L'argent est avancé sur les deux plans par la banque centrale chinoise. Le gouvernement local ne perçoit aucun argent.

 

Les contrats chinois offrent une prespective toute différente car elles servent de catalyseur: ils poussent d'autres organisations à investir (Freeport McMoran, par exemple). Ces contrats présentent aux belges leur incapacité historique et pousse leur inquiétude de perdre l'héritage et leur lien privilégié.

L'auteur voit ce phénomène comme bénéfique pour le Congo.

 

En ce qui concerne les autres grandes puissances, le Rwanda est soutenu par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne (depuis la fin de son mandat, Tony Blair est devenu le conseiller particulier du Président Kagame). Ces pays mènent une stratégie d'affaiblissement du pouvoir central du Congo en y maintenant l'instabilité. La stratégie menée est également celle d'imposer une tutelle sur le Congo: volonté notamment d'une tutelle totale sur l'armée au détriment du Président Kabila qui tente de contracter des accords bilatéraux.

La situation bouge beaucoup au Rwanda. En effet, si le Congo réussit l'unification de l'Etat, Kagame verra son importance et son influence diminuer. Il sera de plus en plus isolé. Tout ceci est le résultat de la politique d'intervention occidentale; pas celle de la Chine, qui ne regarde aucunement la situation politique locale.

La tentative récurrente de bouger les pions n'amène que l'instabilité.

 

 

Q4: Qu'elle est encore la crédibilité de la Belgique au Congo? Quel est votre avis sur ce que pensent les partis politiques du soutien direct à Joseph Kabila? Justine Kasavubu a demandé de l'aide afin de rétablir les voies fluviales et les routes ainsi que pour construire un véritable système judiciaire. La Belgique a refusé.

Q5: Le participant fait remarquer que, pour une question de crédibilité, les forces qui critiques l'establishment doivent rester critiques même dans la manière de faire chinoise.

 

Réponses: On ne doit pas sous-estimer la crédibilité des belges au Congo. La péride coloniale est terminée depuis 50 ans et beaucoup au Congo n'ont pas connu cette période. Pourtant les infrastructrures qui fonctionnent encore aujourd'hui datent de l'époque coloniale. La Belgique fait partie de leur histoire. Le passé vit dans la population mais leur soumission à la Belgique est terminée. La population considère davantage la Belgique comme un soutien moral mais plus comme un donneur de leçons. Il nous faut maintenant apprendre à parler sur un pied d'égalité.

 

La crédibilié des chinois se situera dans les faits, dans ce qu'ils vont réaliser.

A l'époque de la Guerre Froide, l'hégémonie des Etats-Unis reposait sur le fait que 46% des richesses lui appartenait. La Chine, elle, est toujours un pays sous-développé. Elle est la plus grande exportatrice mais garde une productivité très faible. Elle a un grand besoin des matières premières présentes à l'étranger. Or, la Chine sait que les occidentaux ne laisseront pas une nouvelle puissance émerger. La Chine a donc besoin de se trouver des alliés. Elle les trouve au Sud.

Les pays occidentaux tente de casser ces échanges.

L'influence chinoise en Afrique est de plus en plus grande. Ils travaillent énormément. L'hégémonie américaine en Afrique est morte.

Ceci dit, beaucoup d'éléments restent inquiétants dans la politique chinoise: travail des chinois sur place, pour un prix dérisoire. Aveuglement face aux dérives qui peuvent se dérouler sur place.

 

 

Q6: Qu'en est-il de la population? Comment sont-ils impliqués dans ce dynamisme en cours?

Q7: Quelle est votre position par rapport à la sortie du Professeur Rikke (Université de Gand) (à vérifier) selon laquelle la Belgique n'aurait plus d'intérêt vital au Congo?

Le participant fait aussi valoir le fait qu'opposer la position chinoise et la politique occidentale revient à porter préjudice au peuple congolais. Il faudrait oeuvrer à ce que tous les partenaires développent une position commune.

Q8: Nous avons intérêt, pour aider le peuple congolais, à montrer qu'on utilise les mêmes critères pour analyser les uns et les autres. Il faut toujours pouvoir montrer le non-alignement de la société civile par rapport à toutes les puissances en jeu.

 

Réponses: Laurent Kabila avait lancé en son temps l'idée de comités populaires. C'était la fondation du service national. Or, il n'y avait à l'époque aucune force politique qui portait ce projet, aucune force politique pour le défendre. Ces projets ont été infiltrés par les mobutistes. Laurent Kabila a été assassiné. Joseph Kabila s'est, lui, davantage placé en position défensive. Il a accepté le diktat occidental à la condition expresse de respecter la souveraineté et l'unité du pays. Pour ce faire, il a accepté nombres d'humiliations occidentales.

Les occidentaux continuent de soutenir des forces politiques d'opposition contre Kabila, Pierre Lumbi ou le Parlement. Si ces politiques se poursuivent, une guerre risque probablement d'éclater. Mais pour le moment, on ne constate aucun mouvement dominant.


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